Dans ce nouvel épisode de Community Centric, Alexandre et Noémie ont reçu Caroline Micheletti, chargée de coordination du Plan Climat (lancé par Bpifrance et la Banque des Territoires) et cheffe de Projet sur la Communauté du Coq Vert. Portée par Bpifrance, cette dernière rassemble aujourd’hui plus de 2 000 entrepreneurs issus des 4 coins de la France, qui s’engagent dans des démarches d’impact.
Durant cet entretien, nous avons décortiqué les différents cercles qui constituent la communauté du Coq Vert. Caroline nous a notamment expliqué comment ces derniers se reconfigurent en continu et de manière organique, pour accompagner l’arrivée de nouveaux membres et leur montée en compétences sur les thématiques de transition écologique et de protection de l’environnement.
Le Coq Vert : une communauté pour deux typologies de membres
Après sept ans chez BPIFrance, Caroline a rejoint la direction climat, prenant en charge la communauté du Coq Vert. Cette dernière, qui cumule trois ans d’existence, a été initialement lancée avec le ministère de l’action écologique. Elle compte aujourd’hui plus de 2 000 membres, que l’on peut distinguer en deux profils principaux ;
- Les organisations (généralement des moyennes, petites et très petites entreprises) qui souhaitent entamer une transition écologique ;
- Les offreurs de solution qui ont déjà une certaine maturité sur ce sujet et vont aider les autres membres à accélérer leur transition.
L’objectif de la communauté du Coq Vert est donc principalement de faciliter la rencontre entre ces deux typologies de membres. Et plus globalement, d’accélérer la transition écologique des entreprises françaises en encourageant les collaborations !
Pour atteindre ces objectifs, Caroline mise sur plusieurs piliers communautaires. Elle se concentre notamment sur la formation, le partage de contenu (par exemple sur les réglementations à venir) et l’organisation de moments de rencontre, ainsi que des retours d’expérience des membres les plus avancés.
Même si chaque entreprise présente une taille et un niveau d’évolution différent, Caroline se concentre principalement sur les dirigeants. Il est en effet important pour le Coq Vert que son message soit porté par les équipes directrices. Néanmoins, des profils spécialisés (en communication par exemple) sont régulièrement sollicités en fonction des thématiques abordées par la communauté.
Quel outil choisir pour accueillir sa communauté ? Le cas du Coq Vert
La diversité des profils existant dans la communauté implique tout naturellement une diversité des outils employés par Caroline. Le Coq Vert se déploie ainsi sur plusieurs plateformes, notamment Whatsapp (avec des groupes locaux), LinkedIn ou encore Notion. Cela permet à Caroline de toucher un maximum de gens en s’adaptant aux outils qu’ils utilisent déjà.
Mais la plateforme choisie dépend aussi du type de contenu partagé. Par exemple, WhatsApp est propice au partage de conseils, tandis que les contenus formels ont plutôt leur place sur LinkedIn. Et pour centraliser le tout, Caroline utilise Notion et l’annuaire de Bpifrance, baptisé Tribu.
Gérer les différentes échelles d’engagement des membres de la communauté
Comme pour les nombreuses autres communautés de Bpifance, le processus pour rejoindre celle du Coq Vert est entièrement gratuit. Les nouveaux membres doivent simplement remplir un formulaire dans lequel se démarquent deux questions phare :
- L’entreprise a-t-elle initié un chantier en matière de transition écologique ? Le Coq Vert n’est pas un label et à ce titre, il s’adresse non pas aux bons élèves mais à ceux qui ont fait un premier pas ;
- Qu’est-ce que le membre vient chercher et compte apporter au sein de la communauté ? Un bon moyen d’instaurer dès le départ une dynamique communautaire et éviter le syndrôme du freerider.
Au sein de cette communauté de 2 000 membres, Caroline observe évidemment différentes échelles d’engagement. S’il n’y a pas un système de points pour mesurer ou accompagner cet avancement, elle se concentre particulièrement sur ceux qu’elle appelle « les éclaireurs ».
Les éclaireurs du Coq Vert fonctionnent un peu comme des ambassadeurs de la communauté. Ces membres plus en avance dans leur transition écologique ont en effet une véritable capacité à embarquer d’autres acteurs. Ils sont par exemple bien implantés au niveau local, ou déjà engagés dans d’autres regroupements d’entreprises. À ce titre, ils sont donc mieux à même de porter un vrai message sur ce sujet.
Pour l’animation des membres qui se situent à un niveau d’engagement moins fort, Caroline se repose sur ses équipes régionales. Partie d’une collaboration avec 6 référents en région (et travaillant désormais avec 25 personnes référentes !), le Coq Vert a progressivement resserré son maillage local, pour travailler plus étroitement avec les membres sur des thématiques qui leurs sont propres.
Mutualiser les efforts, aux niveaux local et national
L’enjeu pour Caroline est donc de bien connaître ses écosystèmes locaux et surtout d’éviter les répétitions d’information et de contenu, notamment sur les sujets transversaux. Dans ce cadre, elle souligne l’importance pour les Community Builders d’échanger avec leurs partenaires locaux pour mutualiser les efforts et créer des synergies entre les différents écosystèmes auxquels ils s’adressent.
Pour garder ce focus local (qui donne plus de pertinence à l’action communauté), il est aussi crucial de se rapprocher de partenaires. Plutôt que de penser sa stratégie dans son coin et de dupliquer les ressources et les événements, Caroline prend le parti inverse. Celui de prendre la parole ensemble et une seule fois sur un sujet précis.
Bien sûr, cela n’empêche pas entièrement les ratés (notamment parce qu’il est difficile de garder un œil sur l’agenda des autres). Mais cela permet globalement d’éviter la lassitude et de maintenir la pertinence de ses actions comme l'engagement de ses membres.
Les stratégies d’animation de la communauté du Coq Vert
Pour animer sa communauté, Caroline se repose sur les mêmes ressources. L’ensemble des membres est ainsi invité aux mêmes événements. Néanmoins, elle organise parfois des rencontres plus intimes (pas plus de 10 personnes) avec les plus engagés d’entre eux.
Le reste des événements est beaucoup plus inclusif, afin de booster l’impact de la communauté et de porter un message joyeux sur la transition écologique.
Pour réussir la prouesse d’organiser plus de 100 événements par an, Caroline se repose sur ses chargés de coordination régionaux, mais aussi sur les autres communautés de Bpifrance. Par ailleurs, beaucoup se tiennent en ligne, afin de créer un équilibre entre online et offline. Certains webinaires sont mêmes délégués aux membres de la communauté, qui apportent leur propres contenus. Caroline se fait alors uniquement le relais pour mobiliser les participants et partager l’information avant et après l'événement.
Parmi les autres piliers de sa stratégie d’animation, Caroline évoque :
- La formation : le Coq Vert crée du contenu et des programmes de formation en partenariat avec des grandes écoles, comme Les Mines. Chaque membre peut ensuite piocher dans les contenus qui l’intéressent, toujours dans une logique d’embarquement et non de contrainte. À mesure que la maturité des membres évoluent sur la transition écologique, les sujets traités deviennent également plus complexes et spécifiques à certaines industries.
- Une bibliothèque de contenu à disposition de la communauté : notamment les comptes-rendus post-événement, les synthèses de fiches réglementaires, etc.
- La mise en relation, soit avec des experts pour accompagner les membres sur certains sujets. Soit pour diagnostiquer leur entreprise sur différentes thématiques (gestion des ressources, gestion des déchets, etc.). La bonne connaissance des membres permet de faire un meilleur matchmaking entre membres, mai aussi avec d’autres clients de Bpifrance.
Comment maintenir une cohérence communautaire globale avec une armée de Community Builders locaux ?
À travers l’entretien avec Caroline, on voit bien comment le travail de Community Builder se rapproche de celui d'architecte... Elle a en effet réussi à créer l'infrastructure idéale, dans laquelle ses membres peuvent se rencontrer et surtout trouver les bons interlocuteurs.
Se pose néanmoins la question de maintenir une certaine cohérence au sein de sa communauté, avec une telle diversité de profils en action. Et surtout, lorsque les coordinateurs locaux occupent un rôle prépondérant !
Parce qu’ils ont commencé à 6 référents, le travail de coordination a été plus facile à entreprendre aux débuts de la communauté. L’enjeu est désormais pour Caroline de bien outiller chaque Community Builder local. Elle travaille ainsi sur des templates pour chaque question (de l'engagement des membres à l'organisation d’un événement). Il est ainsi plus facile de savoir qui solliciter, quels budgets prévoir, etc. Elle prévoit également une heure de réunion par semaine, ainsi qu’une réunion physique une fois par mois
C’est tout ce qui rend à la fois complexe et fascinant le métier de Community Builer. Beaucoup, comme Caroline, commencent par la mise en place de leur communauté, avant de déléguer progressivement pour prendre la position de gestionnaire et coordinateur !
Il y a beaucoup de bonnes pratiques à garder de l’expérience de Caroline au sein du Coq Vert. On aime surtout la logique de co-construction de Caroline. Elle lui a permis de penser sa communauté à partir des premiers cercles de membres, avant de l’agrandir de façon organique. Elle se reconfigure ainsi perpétuellement, comme un organisme vivant, autour de nouveaux cercles. Un bel exemple de l’évolution naturelle que devraient suivre toutes les communautés !