Pour ce nouvel épisode de Community Centric, on est partis à la rencontre de Martin Cregut, Community Builder et cofondateur de la Founders Night.
Après une première plongée dans le monde de l'entrepreneuriat (notamment chez Menu Next Door, incubé par The Family) puis dans un startup studio pour lequel il a monté sa propre dark kitchen en 2018, Martin s’est progressivement spécialisé dans le lancement et l’animation de communautés.
C’est lors d’une expérience à San Francisco (où il était parti pour lever des fonds pour un nouveau projet) qu’il découvre le Community Building, et le concept de la Founders Night. Il le répliquera par la suite en France, réunissant des entrepreneurs dans des lieux atypiques.
Après une première édition en 2022 dans une salle d’escalade (une parfaite allégorie de l'entrepreneuriat), la Founders Night en est aujourd’hui à plus de 30 événements communautaires partout en France (mais aussi à Montréal et à Barcelone) et une communauté de 10K participants.
Dans cet épisode, Martin nous partage ses conseils pour lancer des évènements qui cartonnent et fédérer une communauté engagée autour de valeurs communes fortes.
Fédérer une communauté non pas autour d’une marque - mais d’une idée
Contrairement à beaucoup des invités de ce podcast, Martin n’est pas parti d’une marque pour construire une communauté forte, mais plutôt d’une idée. Celle de créer un écosystème bienveillant, au sein duquel les entrepreneurs pourraient jouer plus collectif.
Mais concrètement, comment fédérer des gens quand on ne peut pas s’appuyer sur une entité déjà clairement identifiable ? Car à ses débuts, Martin part littéralement de zéro. Pour lui, les éléments essentiels au démarrage sont :
- Son why : il conseille de raconter une histoire qui donnera envie aux futurs membres de participer à la construction de notre communauté. La clé : avoir un branding fort et fédérateur ;
- La FOMO (ou Fear of Missing Out) : n’hésitez pas à répéter avec aplomb que votre évènement va être incroyable et qu’il est donc impensable de passer à côté ;
- Le ‘Fake it until you make it’ : Martin nous avoue dans l’épisode avoir “menti” à ses premiers intervenants en leur faisant miroiter d’autres grands noms parmi les participants. Un move un poil risqué, mais aussi un bon moyen de faire prendre la sauce lorsque l’on se lance et de s’assurer un line up qui donne envie…
Comment consolider son univers communautaire ?
Pour renforcer sa communauté et fédérer ses membres en dehors des événements, Martin s’appuie sur des canaux digitaux (site web, compte Instagram, mais essentiellement LinkedIn). Il booste également son acquisition communautaire en s’appuyant à plus de 70 % sur ses membres.
Pour cela, il envoie à chaque participant à la Founders Night un kit de communication. Une bonne pratique qui consiste à partager des outils pratiques et pertinents pour visibiliser leur appartenance à la communauté, et en faire des leviers de recrutement. Grâce à ce hack, la Founders Night a envahit LinkedIn, chaque participant partageant une photo pour annoncer sa venue.
Les valeurs sont également un excellent moyen de booster le sentiment d’appartenance des membres. Les participants ne communiquent pas uniquement pour se montrer mais pour indiquer leur croyance en un entrepreneuriat plus collectif et bienveillant (un peu comme les ambassadeurs de Team for The Planet sur les réseaux).
Autre levier très puissant : l’éditorialisation des événements. À chaque nouvelle Founders Night, Martin annonce le passage d’un nouveau palier (la spécialisation dans l'entreprenariat à impact ou encore la création d’une association). Chaque chapitre permet de donner un supplément d’âme à ses événements et motive les participants à s’impliquer dans le développement de la communauté.
En revanche, Martin nous avoue ne pas avoir encore “cracké” un enjeu de taille : celui de digitaliser sa communauté, en dehors des événements physiques. Il ne considère toutefois pas cette situation comme un handicap, puisqu’elle permet de faire de ces derniers le seul lieu de rencontre pour ses membres, et donc d’écouler plus facilement ses tickets d’entrée.
Comment organiser un événement qui cartonne ?
Dans The art of gathering, Priya Parker explique que plus de 50 % d’un diner est réussi avant même que les invités ne soient arrivés. Pour Martin, cela passe par l’importance de raconter une histoire forte, et fait de ses événements une succession de sous-histoires cohérentes, qui viennent alimenter sa stratégie communautaire.
Grâce au storytelling, pas besoin d’investir dans des effets pyrotechniques pour rendre les Founders Night attractives… Le plus important est que les participants soient engagés dans la cause défendue.
Mais pour réussir ses événements communautaires, Martin nous conseille tout de même de :
- Les chronométrer minute par minute : soigner le rythme permet de donner l’impression que tout est improvisé (alors que non) ;
- Briefer les intervenants en amont. Et notamment, préparer les pitchs de chacun afin de les rendre plus impactants ;
- Faire payer les entrées : pour limiter autant que possible le no show ;
- Ouvrir la billetterie le plus tard possible pour avoir un plan de communication plus condensé, et donc plus rythmé. Et ainsi, jouer sur la FOMO (encore elle) !
Accompagner les startups dans la mise en place de stratégies communautaires
Martin a toujours intégré une brique communautaire à ses projets. Il est d’ailleurs persuadé qu’au vu de l’accessibilité des nouvelles technologies aujourd’hui (même par les novices), la force différenciante d’une marque ou d’une startup tient plus à sa capacité à fédérer des humains.
Les entrepreneurs ont besoin de créer un écosystème autour de leur projet, donc de fédérer une communauté. C'est pour cette raison qu’il a décidé de proposer un service d’accompagnement aux startups, mais aussi de monter l'agence Communities. Cette dernière ne se spécialise pas dans les communautés de marque, mais plutôt dans l’accompagnement de projets souhaitant passer de 0 à 1 en s’appuyant sur une communauté. Ou encore, sur les startup studios, qui ont déjà une communauté mais ont besoin de mieux l’engager pour porter leur structure.
Martin est persuadé que créer une communauté permet aux entreprises de retrouver leur unicité sur un marché et d’être plus à l’écoute de leurs clients. La marche à suivre selon lui : fédérer une audience, prendre les followers les plus engagés et les connecter ensemble pour créer une minimum viable community (ou MVC).
Puis, continuer de stimuler ce noyau dur pour faire grandir la communauté et se fonder sur la compréhension de leurs enjeux et quotidien pour créer un produit (non pas seulement pour mais avec eux) qui réponde à leurs besoins.
L'importance du branding pour consolider sa communauté
Pour terminer notre entretien, Martin enfonce le clou en insistant sur l’importance de la brand (missions, valeurs et vision) pour créer une communauté viable dans le temps et dynamique.
C’est fort de ce noyau dur que la communauté pourra se développer. Mais aussi, que son Community Builder aura plus le loisir de tester (et de planter) de nouvelles stratégies sans la mettre en péril !